Argumentaire (problématique)

Les espaces publics ne sont pas seulement un sujet d'étude et d’analyse, mais représentent une préoccupation liée à la diversité des pratiques
des usagers et des compétences des spécialistes, mobilisant une multitude d'acteurs publics et privés. Cette notion, aux multiples significations, se situe à
la croisée des chemins, de divers enjeux sociétaux, politiques, économiques, urbanistiques et culturels, souvent paradoxaux. L’espace public en tant que
concept s'est largement diffusé, en même temps il demeure imprécis pour certains, malgré les nombreux débats qui lui sont consacrés.
Aujourd'hui, diverses disciplines à l’exemple de l’urbanisme, la sociologie, l’architecture, le paysagisme, le génie urbain … etc.
s’y intéressent, mais souvent de manière confuse, en se focalisant sur les activités qui s'y déroulent, les projets qui le façonnent ou les infrastructures qui
l'entourent. De plus le débat sur l'aménagement de l'espace public se limite au cercle des professionnels.
L’espace public en tant qu’environnement physique est en même temps, un environnement moral. Physique, puisque il est spatial par ses
dimensions et il fait partie de l’environnement urbain où il est contenu et contenant. Et moral, par la dimension de l’éthique et les relations sociales.
Le rapport entre l’espace public et l’environnement se touche dans la définition de Myriam Armand-Fargues : L’environnement en général
dans sa définition la plus commune est celle d'un «ensemble des conditions physiques, chimiques, biologiques et culturelles sociologiques susceptibles
d'agir sur les organismes vivants et les activités humaines» (Dictionnaire Robert).
Une autre définition dérivé de l'américain, ce mot est synonyme de milieu, ce qui est conforme à la définition des géographes.
Dans les années 1950-1960, les chercheurs en sociologie urbaine ont porté un intérêt croissant aux questions de «socialisation» et de «sociabilité» dans
les espaces publics urbains, ces espaces étant caractérisés par leur ouverture et leur accessibilité potentielle à tous. Ce mouvement s'inscrivait dans le
contexte de l'évolution des grandes villes, marquées par l'expansion urbaine et le développement de nouvelles formes d'interactions sociales.
Paulette Duarte (16 août 2018)
Les premières recherches se sont focalisées sur le lien entre «les pratiques sociales» et «l'environnement construit», c'est-à-dire, la manière
dont l'aménagement des espaces urbains influençait les comportements sociaux. Les behavioristes et interactionnistes américains, tels que
«Kurt Goldstein», «Erving Goffman», «Amos Rapoport» et «William H. Whyte», ont été des figures majeures de ce courant. Leurs travaux ont contribué
à poser les fondements d’une recherche sur les dynamiques «socio-spatiales», autrement dit, l'interaction entre l'espace physique et les pratiques sociales
qui influencent la manière dont les individus perçoivent et fréquentent les lieux urbains. Ces recherches ont permis de ressortir avec des résultats
sur la manière dont les caractéristiques des espaces publics : taille, accessibilité, visibilité … etc. pouvaient façonner les interactions sociales et les
expériences vécues dans la ville à travers les espaces publics. Paulette Duarte (16 août 2018).

Pour cela, l’espace public n’est pas un objet fini et limité. C’est un environnement physique et moral où il peut contenir la vie citadine
des gens, leur usage, leur rassemblement, leur pratique, l’accessibilité physique, leur circulation, … etc., caractérisé par la nature du sol, de l’air, de l’eau,
de la lumière naturelle, du climat, de la végétation, etc. En plus c’est un environnement moral : où on touche l’éthique, les valeurs morales, les relations
sociales, les pratiques sociales, les rencontres, les aspirations, l’expression des coutumes et les traditions …etc.
Donc, l’espace public se forme de deux volets : environnement physique puisque il est tangible, constituée de la nature avec ses dimensions
spatiales, des voies de circulation : rues et trottoirs, des places et placettes. Il englobe également les valeurs sociales qui contribuent à la qualité de vie des
citadins. Sous une autre optique on peut voir l’espace public dans sa dimension formelle, esthétique et identitaire.
En revanche ; l’espace public sans sa durabilité perd de sa valeur, il ne va être limité qu’aux espaces de circulation plutôt qu’ à des espaces
de rencontre, de sociabilité et d’urbanité. Sachant que la durabilité est relative à ce qui est durable et même résistant aux différents changements qui
arrivent dans le futur. Désormais la durabilité de l’espace public c’est empêcher «sa perte», «sa disparition», «sa dégradation»
et bien même empêché «la dominance» d’un type sur les autres types.
Dans l’objectif d’atteindre la ville durable et l’espace public fait partie d’elle, les gouvernements et les autorités locales du monde entier
cherchent des moyens de devenir plus durables, 10 villes durables : Vancouver, Canada ; Helsinki, Finland ; Cape Town, South Africa ; San Francisco,
California ; Portland, Oregon ; Berlin, Germany … etc. dont elles respectent l’environnement. En plus des recherches récentes ont recommandé
l’application des principes du développement locale durable projetés dans la conservation de l’environnement bâti par une meilleur planification
et la gestion urbaines, l’introduction de la nature, l’activation de l’écosystème urbain avec toutes ses dimensions, la création des espaces d’aération dans
la ville que ce soit place ou espace vert … etc. Ajoutant l’inclusion des tranches importantes de la société (les personnes âgées, les enfants, les personnes
handicapées, les femmes …etc. pour réussir la durabilité des espaces publics.
Les espaces publics de nos villes algériennes, souvent détériorés et délabrés ont des conséquences néfastes sur la vie urbaine.
Tout en limitant les interactions sociales, affaiblissant le lien social et entravant le développement de leurs communautés et cela est dû au non-respect
des règles et la non-conformité des espaces publics ce qui constituent un véritable obstacle à la durabilité environnementale. Ceci veut-dire, que la
situation des espaces publics en Algérie est critique, leur état actuel constitue un frein majeur au développement tout en limitant considérablement les
possibilités d'épanouissement social et en réduisant la qualité de vie des citoyens. On note un déficit en matière de conception, de planification, de
gestion, d'aménagement, d’entretien …etc. de ces lieux, ce qui réduit considérablement les possibilités d'échanges sociaux et d'engagement citoyen,
dégradant ainsi la qualité de vie des citoyens, portant atteinte au degré d’urbanité de nos villes.